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L'Architecture Soudanaise de l'Empire du Mali

L’art de construction soudanais est un héritage architectural remarquable qui s’étend sur plusieurs siècles, influencé par les civilisations nubienne, islamique et sahélienne. Il se distingue par l'utilisation de matériaux locaux, des formes organiques et une adaptation aux conditions climatiques arides.

L’usage des matériaux locaux est une caractéristique essentielle de cette architecture. Les bâtisseurs soudanais ont toujours privilégié des ressources disponibles sur place, notamment la brique de terre crue (adobe), qui assure une isolation thermique efficace contre la chaleur écrasante du Sahel. Le bois de palmier et d’acacia est souvent utilisé pour renforcer les structures, tandis que le torchis, un mélange de boue et de paille, permet une meilleure résistance aux intempéries.

L’architecture soudanaise se reconnaît par des structures aux formes harmonieuses et fonctionnelles. Les façades sont souvent ornées de crépissages sculptés, caractéristiques des villes comme Oualata, Djenné et Tombouctou, qui partagent un style proche de l'architecture soudano-sahélienne. Les mosquées en terre crue, dont la plus célèbre est la Grande Mosquée de Djenné au Mali, illustrent l’influence de ce style sur tout le Sahel. Les maisons à cour intérieure permettent une ventilation naturelle et offrent un espace de vie ombragé.

L’architecture soudanaise est profondément marquée par la culture nubienne, qui remonte aux royaumes de Koush et de Méroé. Les pyramides méroïtiques de Méroé et les temples de Gebel Barkal en témoignent. Avec l’arrivée de l’islam, l'architecture a intégré des éléments comme les minarets en bois, visibles dans des mosquées telles que celles de Larabanga au Ghana ou d’Agadez au Niger, ainsi que les arcs et dômes inspirés de l’architecture arabe et perse.

Aujourd’hui, l’architecture traditionnelle soudanaise est confrontée à de nombreux défis. L’urbanisation rapide pousse à l’utilisation de matériaux modernes comme le béton, tandis que les changements climatiques, avec des pluies plus intenses, fragilisent les bâtiments en terre. Le manque de préservation est également un problème, bien que certaines initiatives visent à restaurer les anciennes constructions.

L’architecture soudanaise reste néanmoins un témoignage exceptionnel du savoir-faire ancestral des peuples du Sahel et de la vallée du Nil. Elle incarne un équilibre parfait entre esthétique, fonctionnalité et adaptation à l’environnement.

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La Grande Mosquée de Djénné

La Grande Mosquée de Djenné est situé à Djenné, au Mali, dans la plaine alluviale du Bani, affluent du Niger. Cette mosquée est le plus grand édifice du monde en adobe ou banco (terre crue) ; elle est considérée comme la réalisation majeure du style architectural soudano-sahélien, tout en reflétant des influences islamiques. Un premier édifice fut construit en ce lieu au XIIIe siècle, mais la construction actuelle date seulement de 1907. Marquant le cœur de l’agglomération de Djenné, c’est aussi l’un des symboles les plus remarquables de l’Afrique subsaharienne. Avec la ville de Djenné elle-même, elle est inscrite depuis 1988 à la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.

 

La Grande mosquée de Djenné se distingue des autres mosquées d’Afrique occidentale en ce qu’elle a été construite en un lieu vierge de tout autre édifice religieux antérieur : cet endroit était précédemment occupé par un palais. Le roi Koi Kunboro (ou Komboro), fraîchement converti à l'Islam, fit démolir sa résidence et en 1238 fit construire à son emplacement la grande mosquée. Les autres mosquées ont été construites habituellement à la place d’édifices pyramidaux coniques, en pisé ou en pierre, censés représenter les esprits protecteurs des ancêtres. Des experts en architecture islamique tels que Labelle Prussin pensent que ces constructions coniques furent intégrées dans la conception des mosquées dans tout le Mali, et considèrent que la Grande mosquée de Djenné en est l’exemple le plus révélateur.

Djenné devint, par la suite, l’une des principales villes des empires du Mali puis du Songhai.

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La Grande Mosquée du Vendredi de Niono

La Grande Mosquée du Vendredi de Niono, au Mali, est une mosquée construite en 1948 par une équipe de maçons de Djenné. Il s'agit d'un édifice de banco, d'architecture soudanaise.​ De 1955 à 1956 a lieu une première phase d'agrandissement de la mosquée, avec la construction de six travées transversales côté sud. Puis de 1969 à 1973 une deuxième phase d'extension a lieu, avec la construction de deux travées longitudinales côté ouest. La partie centrale (datant de 1948) est alors totalement reconstruite. À la fin de cette période sont construits la salle de prière des femmes ainsi que les bâtiments annexes. Enfin, en 1983, la pièce servant de chambre de gardien est transformée en tombeau où repose le premier imam (décédé le 28 janvier 1983).

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La Grande Mosquée Djingareyber de Tombouctou

La Grande Mosquée Djingareyber de Tombouctou (Mali) est l'une des trois grandes mosquées de Tombouctou (Djingareyber, Sankoré et Sidi Yahya)1. Elle a été construite entre 1325 et 1327 sous le règne de l'empereur de Kankan Moussa puis reconstruite et agrandie entre 1570 et 1583 par l’Imam Al AqibCadi de Tombouctou qui lui ajouta alors toute la partie sud et le mur d’enceinte du cimetière situé à l’ouest.

Partiellement détruite en 2012, cet édifice inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO est par la suite reconstruit.

Construite entre 1325 et 1327 par Abou Ishaq es-Sahéli sous le règne de l'empereur de Kankan Moussa au retour de son pèlerinage à La Mecque (1324-1325). La mosquée est faite en banco, un matériau fait de terre cuite. Selon Ibn Khaldoun, l'empereur offrit à Sahéli 12 000 mithqals (soit environ 200 kg) de poussière d'or pour sa conception et sa construction. Toutefois on estime aujourd'hui que son rôle dans la construction fut limité2. L'historien Francis Simonis estime que la Grand Mosquée de Tombouctou a été construite à la même époque que la Grande Mosquée de Gao et que la salle d'audience "surmontée d'une coupole" du palais de Niani par Mansa Moussa3. C'est la plus grande mosquée de Tombouctou. Elle peut accueillir la prière du vendredi qui rassemble jusqu'à 12 000 fidèles. Elle a été réalisée entièrement en adobe, dans un style architectural soudanais elle est constituée de vingt-cinq files de piliers. Le nombre important de piliers, nécessaires pour limiter la portée des voûtes, ne permet pas d'avoir une vue d'ensemble de la salle. Une fois par an la population participe à la réfection des enduits extérieurs.

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La Grande Mosquée de Mopti, de Komoguel

La Grande Mosquée de Mopti, souvent appelée mosquée de Komoguel, est le principal lieu de culte de la ville de Mopti, au MaliInspirée du modèle de la grande Mosquée de Djenné, la grande mosquée de Mopti est construite dans le style soudanais entre 1936 et 1943, ou entre 1933 et 1935 selon l'Unesco. Elle a été bâtie sur l’emplacement d’une précédente mosquée érigée en 1908. Les bâtiments en banco s'abîment vite, notamment pendant la saison des pluies. L'entretien de la mosquée nécessite la réalisation collective, tous les ans, d'un enduit de crépissage. En 1978 puis en 2003, l'édifice est recouvert d’un revêtement en ciment, afin d'éviter d'avoir à faire un crépissage d'entretien annuel. Mais ce revêtement n'empêche pas l'eau de s'infiltrer et le bâtiment de se dégrader fortement. En effet, le ciment ne s'amalgame pas avec le banco et ajoute un poids supplémentaire qui fragilise la structure, créant des fissures. La grande mosquée est inscrite et classée dans le patrimoine culturel national par décret du 28 septembre 2005. La mosquée est restaurée d'octobre 2004 à juin 2006, grâce au financement accordé par le Trust Aga Khan pour la culture (AKTC), en partenariat avec les autorités maliennes. Il s'agit de retrouver la stabilité du bâtiment en utilisant les savoir-faire et les matériaux traditionnels.

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Grande Mosquée de Diafarabé

La Grande Mosquée de Diafarabé est une mosquée en banco, d'architecture soudanaise, située dans la ville de Diafarabé, au MaliLa Grande Mosquée de Diafarabé est un édifice religieux emblématique, construit en banco, un matériau traditionnel composé de terre, d'eau et de paille. Elle incarne parfaitement l'architecture soudanaise, un style architectural unique à la région ouest-africaine, caractérisé par ses formes épurées, ses contreforts et ses minarets massifs. Située dans la ville de Diafarabé, au Mali, cette mosquée est un témoignage vivant de l'histoire et de la culture locale, reflétant l'ingéniosité des bâtisseurs traditionnels qui ont su adapter leurs techniques aux conditions climatiques et aux ressources disponibles. En plus de son rôle spirituel, la mosquée sert de point de rassemblement pour la communauté, renforçant les liens sociaux et culturels entre les habitants. Elle est également un symbole de l'identité régionale et de la richesse du patrimoine malien. Malgré les défis posés par les intempéries et l'érosion, la mosquée est régulièrement entretenue par la communauté, démontrant un profond respect pour ce monument historique. Son architecture et son importance culturelle en font un site d'intérêt pour les chercheurs, les historiens et les voyageurs curieux de découvrir les traditions et l'art de construire de cette région du Sahel.

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Le Tombeau des Askia

Le tombeau des Askia est un site archéologique de la région de Gao au Mali. Il a été inscrit en 2004 sur la liste du patrimoine mondial.

Cette structure pyramidale a été édifiée par l'Empereur du Songhaï Askia Mohamed en 1495.

Le Tombeau des Askia, situé à Gao, au Mali, est un monument historique classé au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 2004. Ce mausolée impressionnant, construit au XVe siècle sous le règne de l'empereur Askia Mohamed, est un chef-d'œuvre de l'architecture soudano-sahélienne. Érigé en terre crue, il se distingue par sa pyramide à étages, ses minarets et son style unique qui reflète la grandeur de l'Empire Songhaï, l'un des plus puissants empires de l'Afrique de l'Ouest. Le tombeau est non seulement un lieu de mémoire pour Askia Mohamed, un souverain pieux et visionnaire, mais aussi un symbole de l'islamisation de la région et de son riche passé historique. Aujourd'hui, il reste un site spirituel et culturel majeur, attirant à la fois les pèlerins et les visiteurs du monde entier, bien qu'il nécessite une attention particulière pour sa préservation face aux défis environnementaux et humains.

Patrimoine culturel matériel et immatériel de l'UNESCO

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La Case Sacrée du Kamabulon de Kangaba

Le Kamablon est la case sacrée de Kangaba, située dans la région de Koulikoro, au cœur du Mandé. Érigé en 1653, ce sanctuaire revêt une importance spirituelle, politique et historique capitale pour les peuples mandingues. Selon la description des sites historiques et paysages culturels du Mandé faite à l'UNESCO par la délégation permanente de la République du Mali, il serait le dernier Kamablon encore existant dans l’aire culturelle du Mandé.

Sa construction suit l’architecture traditionnelle mandingue : un édifice circulaire de 4 mètres de diamètre, bâti en terre crue (banco), avec un toit en chaume, symbolisant la connexion entre le ciel et la terre. Autour du bâtiment, plusieurs éléments renforcent son caractère sacré : trois fromagers (arbres sacrés), un puits, le "wasi" (un espace rituel aux usages précis) et la tombe de Mansa Sèmè, qui serait le fondateur du Kamablon et son premier prêtre gardien.

Dans la tradition du Mandé, le Kamablon est bien plus qu’une simple bâtisse : il est un haut lieu de transmission orale et de prise de décisions communautaires. Il fait office de sénat villageois, ou "vestibule de parole", où se réunissent les anciens, les chefs traditionnels et les griots du clan Diabaté, dépositaires de la mémoire historique du Mandé. C’est en ce lieu que sont débattues les grandes questions touchant à la communauté, dans le respect des principes de gouvernance hérités de l’Empire du Mali.

L’intérieur du Kamablon recèle des objets et du mobilier précieux et symboliques, témoins du passé prestigieux du Mandé. Ces artefacts, souvent inaccessibles aux non-initiés, sont chargés de sens et de mysticisme, rappelant les grandes figures de l’histoire impériale. Tous les sept ans, une cérémonie de reconstruction rituelle du toit a lieu, marquant un cycle de renouvellement spirituel et social.

Lieu de mémoire, sanctuaire des traditions orales et symbole de la permanence de la civilisation mandingue, le Kamablon est l’un des derniers témoins vivants de l’organisation politique et spirituelle instaurée depuis Soundjata Keita et la Charte de Kurukan Fuga.

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La Grande plaine de Kurukan Fuga de 1235 

La plaine de Kurukan Fuga, située au Mali, est un lieu chargé d'histoire et de symboles pour les peuples d'Afrique de l'Ouest. C'est sur cette vaste étendue que, selon la tradition orale, la Charte de Kurukan Fuga fut proclamée au XIIIe siècle par Soundiata Keïta, fondateur de l'Empire du Mali. Cette charte, considérée comme l'une des premières déclarations des droits humains, établissait des principes de justice, de paix et de cohésion sociale qui ont influencé toute la région.

Le premier édifice réalisé par Amadou Toumani Touré, ancien président du Mali, sur cette plaine historique est un monument commémoratif en l'honneur de la Charte de Kurukan Fuga. Ce monument, érigé pour célébrer l'héritage culturel et politique de l'Empire du Mali, symbolise la continuité des valeurs de paix, de dialogue et de gouvernance juste prônées par Soundiata Keïta. Il sert également à rappeler l'importance de la tradition orale et de la mémoire collective dans la construction de l'identité malienne et ouest-africaine.

La plaine de Kurukan Fuga, avec son monument, est aujourd'hui un site de pèlerinage culturel et historique, attirant des chercheurs, des leaders traditionnels et des visiteurs désireux de comprendre les racines de la civilisation mandingue. Elle incarne un message universel de tolérance et de coexistence, rappelant au monde l'importance de préserver et de transmettre ce patrimoine immatériel pour les générations futures.

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La Charte du Mandé

La charte du Manden, charte du Mandé, ou encore, en langue malinké, Manden siguikan, est la transcription d'un contenu oral, lequel remonterait au règne du premier souverain Soundiata Keïta qui vécut de 1190 à 1255. Il existe deux textes de la charte, provenant des travaux menés à partir des années 1970 par Wa Kamissoko et Youssouf Tata Cissé : le Serment des sages, qui remonterait à 1222, et la Charte de Kouroukan Fouga, qui remonterait à 1236, et aurait été solennellement proclamée le jour de l'intronisation de Soundiata Keïta comme empereur du Mali. Le premier discours serait l'inspirateur du second. La charte du Manden est considéré par les Mandenkas (peuples qui ont en commun la langue mandingue) comme l'une des plus anciennes références concernant les droits fondamentaux. Sa reconnaissance par l'UNESCO qui l'a inscrite en 2009 sur la liste du patrimoine culturel immatériel assoit sa valeur juridique et sa portée universelle.

Œuvre de lettrés, ce texte en forme de serment est connu dans deux versions : l'une datée de 1222 et comportant sept chapitres : le Serment des chasseurs, l'autre de 1236 et comportant quarante-quatre articles : la Charte de Kouroukan Fouga. Ces deux versions ont été retranscrites à partir de travaux conduits depuis les années 1960 auprès de griots dépositaires de ces récits, appartenant en particulier à la confrérie des chasseurs.

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