
La Maison Impériale du Mandé
Ancrée dans l’héritage impérial du Mandé, la Maison Impériale du Mandé incarne la continuité d’une souveraineté légitime, forgée par l’histoire et reconnue par les autorités traditionnelles du Mandé. Elle perpétue l’héritage des souverains mandingues qui ont façonné l’un des plus grands empires de l’histoire africaine, un empire qui a vu le jour au XIIIe siècle, en 1235, avec l’avènement de Soundjata Keita, et dont la grandeur a traversé les âges. Ce royaume, fondé il y a près de 800 ans, a marqué l’histoire par l’autorité éclairée de Soundjata Keita et par la prospérité qu’il a su instaurer. Bien plus qu’un simple vestige du passé, la Maison du Mandé est aujourd’hui un acteur vivant, pleinement inscrit dans le présent, témoignant de la résilience et de la permanence des institutions traditionnelles du Mandé. Loin d’être une simple évocation historique, cette Maison trouve sa légitimité dans la reconnaissance qui lui a été accordée par l’Assemblée des 17 chefs coutumiers du Mandé, qui, en décembre 2023, ont proclamé Le Mansaren Hashim Keita comme héritier du trône impérial. Cette proclamation, réalisée selon les pratiques ancestrales établies à Kurukan Fuga en 1236, réaffirme l’autorité traditionnelle du Mandé et inscrit la Maison Impériale dans une lignée ininterrompue de souverains mandingues. Elle est, aujourd’hui encore, le symbole de l’unité et de la pérennité d’un empire dont l’influence ne s’est jamais éteinte.
Depuis sa fondation au XIIIe siècle, l’Empire du Mali s’est imposé comme un modèle de gouvernance et de prospérité, s’étendant du Sahara aux côtes atlantiques, rayonnant par sa puissance économique, intellectuelle et spirituelle. Cet héritage, loin de se limiter aux pages de l’histoire, continue de vivre à travers la Maison du Mandé, qui perpétue les traditions de justice, de tolérance et d’ouverture qui firent la force de l’Empire. La reconnaissance de cette légitimité par des institutions modernes telles que le Haut Conseil National du Mali, le Ministère de la Décentralisation du Mali et le Conseil Islamique des Ivoiriens de France, témoigne de la permanence de cette autorité au-delà des vicissitudes du temps. Poursuivant son engagement dans la préservation et la valorisation du patrimoine impérial, la Maison Impériale du Mandé a réussi à inscrire et faire reconnaître, pour la première fois, la dynastie impériale Keita au sein de la prestigieuse Société Augustan. Cette reconnaissance constitue une avancée majeure dans la mise en valeur de l’histoire du Mandé au sein des cercles académiques et historiques internationaux. Elle témoigne de la place incontournable qu’occupent la Maison Impériale du Mandé et son héritage dans le patrimoine universel, tout en offrant une visibilité accrue aux travaux de recherche et de préservation liés à l’Empire du Mali.

since 1957
Fidèle aux principes du Code des Chasseurs du Mandé, la Maison Impériale du Mandé ne se limite pas à préserver un héritage prestigieux, elle incarne également une mission contemporaine. Inspirée par les idéaux de justice et de solidarité qui ont toujours guidé l’Empire du Mali, elle s’engage activement dans des actions humanitaires, sociales et culturelles, en faveur des populations du Mandé et au-delà. Son action se veut un prolongement des valeurs de gouvernance éclairée et de bienveillance qui ont marqué les règnes des empereurs du Mandé, à commencer par celui de Soundjata Keita, dont la sagesse et la vision continuent d’inspirer ses héritiers. L’engagement de la Maison Impériale du Mandé dépasse ainsi les frontières de la seule communauté mandingue. Conformément aux principes de l’aumône islamique, elle œuvre à la diffusion des idéaux impériaux pour tous, qu’ils soient issus de traditions africaines ou d’autres cultures, et ce, à l’échelle internationale. Elle s’engage pleinement dans la promotion de l’harmonie, de la solidarité, et de la coopération entre les peuples, en portant les valeurs d’un empire fondé sur la justice et la fraternité.
Ainsi, la Maison Impériale du Mandé ne se définit pas seulement par l’héritage qu’elle porte, mais par la responsabilité qu’elle assume. Elle est le lien indéfectible entre un passé glorieux et un avenir porteur d’espoir, le témoin vivant d’une grandeur qui n’a jamais faibli. En elle réside l’esprit du Mandé, ce souffle impérial qui traverse le temps et perpétue l’empreinte indélébile d’une civilisation qui, hier comme aujourd’hui, demeure un phare de lumière et de sagesse.
La Légitimité de la Royauté selon la Tradition Islamique
La Maison du Mandé s’inscrit dans l’héritage des grandes dynasties impériales qui ont façonné l’histoire de l’Afrique de l’Ouest, notamment l’Empire du Mali, fondé sur des principes de justice, de prospérité et de piété. Cet héritage trouve une résonance dans la tradition islamique, où la monarchie est reconnue comme une institution voulue par Allah pour le bien de Ses serviteurs.
Le Saint Coran affirme :
"Il a fait surgir parmi vous des prophètes, Il a fait de vous des rois et Il vous a donné ce qu’Il n’a donné à nul autre parmi les peuples." (5:21).
Ce verset illustre que la royauté est un don divin, une bénédiction accordée à certaines lignées pour guider leur peuple avec sagesse et droiture. Dans cet esprit, la Maison du Mandé perpétue la mission de protection et de service aux communautés du Mandé et de l’Empire du Mali, en s’appuyant sur des valeurs de justice et de bienveillance.
La tradition islamique enseigne également que chaque époque voit émerger un dirigeant en fonction de l’état de son peuple. Al-Fattini rapporte dans Tadhkira al-Mawdu`at :"Si Allah veut la réforme d’un peuple, Il leur envoie un dirigeant vertueux. S’Il veut leur perte, Il leur envoie un roi qui causera leur ruine."
Cette vision rappelle la responsabilité inhérente à la souveraineté : un roi n’est pas seulement un détenteur de pouvoir, mais un serviteur du bien commun, chargé de garantir la justice et la stabilité. L’Empire du Mali, sous Soundjata Keita, incarna cette mission en établissant un équilibre entre la tradition et la spiritualité, posant ainsi les fondements d’un règne prospère et respecté.
Le Prophète Muhammad (ﷺ) lui-même évoqua la pérennité de la royauté après lui : "Après moi, il y aura une royauté." (Al-Dhahabi).
Cette prophétie souligne que la monarchie demeure une forme de gouvernance légitime dans l’Islam, pourvu qu’elle soit exercée dans l’équité et la crainte d’Allah. Le Mahdi attendu (AS) est d’ailleurs décrit comme un roi qui restaurera la justice et l’équité après une période d’oppression, réaffirmant ainsi le rôle du souverain comme protecteur et guide de son peuple.
Toutefois, comme le rappelle Cheikh Sa'di Shirazi dans Le Gulistan : "Que jamais ne gouverne un royaume un prince qui n’est pas un obéissant serviteur de Dieu."
Cette sagesse résonne profondément avec la vocation de la Maison du Mandé, qui veille à incarner les valeurs de droiture, de service et d’humilité. La royauté, lorsqu’elle est exercée avec piété et sens du devoir, devient un instrument au service du bien, un reflet de l’ordre divin sur Terre.
Ainsi, la Maison du Mandé s’inscrit dans cette continuité, perpétuant un héritage ancestral tout en répondant aux défis de son époque, dans un esprit de bienveillance et de justice.
La Souveraineté au-delà du Trône : L’Héritage des Monarchies Déchues
La souveraineté, dans son essence, est un droit absolu, perpétuel, inaliénable et imprescriptible, comme l'ont souligné des théoriciens tels que Jean Bodin et Emer de Vattel. Selon ces principes, un souverain détient quatre attributs fondamentaux : le ius imperii (droit de gouverner), le ius gladii (monopole légitime de la force publique), le ius majestatis (droit d’être honoré et reconnu), et le ius honorum (droit d’accorder des distinctions et récompenses). Ces droits demeurent intacts tant qu’un souverain ne les abdique pas formellement, et même dans le cas de la déposition ou de l’exil, ils continuent d’exister de jure, c’est-à-dire en droit. Des exemples historiques comme celui du roi Albert Ier de Belgique, qui a gouverné depuis l'exil pendant la Première Guerre mondiale, ou de l’empereur Haile Selassie d’Éthiopie, qui a vu sa dynastie persister après sa déposition en 1974, montrent que la souveraineté peut être maintenue symboliquement, même lorsque le contrôle effectif d’un territoire est perdu. De même, l'absence de renonciation expresse, comme cela a été observé dans des cas similaires, signifie que les droits d’un souverain déchu demeurent légitimes, tant qu’ils sont soutenus par des traditions et des structures de reconnaissance.
La reconnaissance de ces droits est souvent fondée sur des principes de droit coutumier et sur des traditions dynastiques. Les monarchies, même après avoir été renversées, continuent d'exercer une forme de souveraineté symbolique, diplomatique et culturelle. L’exemple de la Maison Impériale d’Éthiopie, qui continue de jouer un rôle majeur dans la culture et la diplomatie, malgré l’abolition de la monarchie en 1974, en est un exemple frappant. Il en va de même pour la Maison Impériale du Vietnam, où les descendants des derniers empereurs restent des figures respectées, bien qu'ils n’aient plus de pouvoir politique. Ces dynasties continuent de porter leur héritage culturel et d’être reconnues comme des symboles vivants de l’histoire nationale, même sans disposer de pouvoirs exécutifs ou législatifs. Ce phénomène se retrouve également dans le cas de l’Empire du Mali et du Mandé, où, bien que l’Empire ait été en déclin depuis 1610, les institutions traditionnelles et les autorités locales continuent de reconnaître l’héritage et la légitimité du Mansaren du Mandé.
Ainsi, la Maison Impériale du Mandé, par son rôle dans la préservation des traditions et des valeurs de l'Empire du Mali, continue d’incarner une forme de souveraineté. Sa légitimité est renforcée par la reconnaissance officielle de son titre par les chefs traditionnels du Mandé et par le maintien de ses activités culturelles, diplomatiques et honorifiques. Le Mansaren du Mandé, en tant qu'héritier légitime, conserve ainsi non seulement une autorité morale, mais aussi un droit de continuer à exercer le ius honorum, en attribuant des distinctions et en faisant la promotion de l’héritage culturel du Mandé. Ce modèle de souveraineté, respectueux des traditions et des structures coutumières, prouve que la perte d'un trône effectif n’entraîne pas la disparition des droits dynastiques et que ceux-ci peuvent perdurer dans des formes symboliques et représentatives. Le cas du Rwanda, après la chute de la monarchie en 1961, démontre également que l’abolition d’une monarchie ne fait pas disparaître la légitimité des héritiers. Le roi Kigeli V Ndahindurwa, bien que déposé et contraint à l’exil, n’a jamais perdu son statut de souverain de jure. Après sa mort en 2016, son fils, le prince Charles, a continué à maintenir les liens avec la culture et l’histoire du Rwanda, prouvant que les droits des descendants peuvent perdurer au-delà de la perte de pouvoir politique. Ce phénomène de maintien de la souveraineté de jure par les héritiers est ainsi avéré dans plusieurs exemples historiques.
L’Empire du Mali et la Maison du Mandé ne font pas exception à cette règle. Même après les changements politiques qui ont affecté la région, la reconnaissance de la légitimité du Mansaren du Mandé par les autorités traditionnelles et les instances historiques prouve que sa souveraineté continue d'exister de jure. Bien qu’il n’exerce plus de pouvoir politique direct, la Maison du Mandé demeure un acteur influent sur le plan culturel, diplomatique et honorifique, perpétuant ainsi l’héritage d’un empire qui, bien qu’en déclin depuis 1610, conserve toute sa légitimité historique.
Les fonctions au sein de la Maison du Mandé
Au sein de la Maison du Mandé, diverses charges impériales assurent le bon fonctionnement de l'administration, de la gestion des affaires internes et de la représentation de l'héritage impérial. Ces fonctions sont essentielles pour maintenir l'ordre, garantir le respect des traditions et orchestrer les différentes initiatives menées au service de la Maison du Mandé. Chacune de ces responsabilités est attribuée en fonction du mérite, de la compétence et de l'engagement envers la préservation des valeurs impériales. Il est important de souligner que bien que ces charges soient vitales pour le bon déroulement des activités de la Maison, elles ne sont en aucun cas héréditaires. Chaque titulaire de charge est nommé pour son aptitude à remplir les missions qui lui sont confiées et peut, le cas échéant, être révoqué à tout moment en raison de circonstances exceptionnelles ou de manquements à ses devoirs. Ainsi, la flexibilité et l'adaptabilité de ces responsabilités garantissent que celles et ceux qui les exercent demeurent en phase avec les exigences dynamiques de l'époque, tout en servant avec dignité et rigueur l'héritage et la pérennité de la Maison du Mandé.
Organigramme de la Maison du Mandé
Le Conseil du Mandé Kafu ou Conseil d'Administration de la Maison du Mandé (CAMM)
Organe stratégique chargé de définir la stratégie globale, approuver les budgets et projets, et évaluer les dirigeants.
Présidé par le Kankoro Sigui ou Vice-Président, avec une composition de membres nommés pour un mandat de trois ans, incluant le Kalisa Farma, le Karamoko, et le Sankorotigui.
La Grande Chancellerie de la Maison du Mandé (GCMDM)
Institution chargée de la gestion des distinctions, titres et honneurs, placée sous l'autorité du Simbo ou Grand Maître des Ordres de la Maison du Mandé.
Le Kalisa Farma ou Grand Chancelier des Mérites et du Trésor est nommé pour un mandat de trois ans, avec un conseil des honneurs composé de diverses personnalités.
Le Djeliya de la Maison du Mandé ou Office Impérial des Chroniques et des Archives de la Maison du Mandé (OICAMM)
Office des Chroniques et des Archives de la Maison du Mandé, supervisé par le Sankorotigui ou Chroniqueur Impérial, responsable de la préservation de l'histoire impériale et de la diffusion des archives.
La Gbara ou le Conseil de la Couronne de la Maison du Mandé (CCMM)
Organe consultatif composé des chefs traditionnels les Ton Ta Jon Tani Woro (les porteurs de carquois) signataires de l'Acte de Proclamation et de Reconnaissance du Mansaren du Mandé, supervisant les actions humanitaires et caritatives dans la région du Mandé.
Le Bureau du Secrétariat de la Maison du Mandé (SMM)
Responsable de l'organisation des événements culturels et de la gestion des courriers, dirigé par le Karamoko ou Grand Secrétaire de la Maison du Mandé.
Le Kura Faden ou Conseil Impérial Privé (CIP)
Composé de plusieurs conseillers spécialisés, dont le Sandaki, Haut Conseille, le Wakil ou Responsable des Actions Humanitaires, le Djeli (Porte-parole Officiel du Président), et des membres optionnels désignés par le Président.
Ce conseil joue un rôle stratégique dans la prise de décision, la coordination des initiatives et la gestion des actions humanitaires.
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